Dans cet article, nous abordons les causes des réveils nocturnes, proposons des solutions concrètes et bienveillantes, et explorons le développement du sommeil chez les bébés de 6 à 12 mois.
Article rédigé par Emma Lafont, pédopsychologue experte en sommeil infantile.
Comprendre les troubles du sommeil chez les bébés de 6 à 12 mois
Saviez-vous que le sommeil d’un bébé de 6 à 12 mois est plus complexe qu’il n’y paraît ? À cet âge, il ne s’agit pas seulement d’une alternance entre éveil et sommeil. Les cycles se raffinent et des régressions peuvent survenir, souvent déconcertantes pour les parents.
Pourquoi les bébés de 6 à 12 mois se réveillent-ils la nuit ?
Entre 6 et 12 mois, les bébés traversent des étapes majeures de développement. Leur cerveau est en pleine ébullition : ils explorent leur environnement, apprennent à ramper, à se tenir debout et parfois même à prononcer leurs premiers mots. Ces progrès, bien qu’extraordinaires, viennent souvent perturber leur sommeil. Le cerveau "répète" ces apprentissages durant la nuit, ce qui peut provoquer des réveils nocturnes plus fréquents.
Par ailleurs, l’anxiété de séparation fait son apparition vers 8-10 mois. C’est un phénomène normal où le bébé commence à comprendre que ses parents existent même lorsqu’ils ne sont pas dans son champ de vision. Cela peut entraîner des pleurs au coucher ou lors des réveils nocturnes.
Les étapes clés du développement du sommeil à cet âge
De manière générale, à partir de six mois, le bébé commence à avoir un rythme circadien stabilisé avec des nuits plus longues (10-12 heures) et deux siestes en journée. Le sommeil profond prédomine en début de nuit tandis que le sommeil paradoxal est davantage présent au petit matin. Ce dernier joue un rôle crucial dans le traitement des informations acquises durant la journée.
Cependant, les fameuses régressions du sommeil apparaissent souvent autour de huit ou neuf mois. Ces périodes temporaires sont marquées par une augmentation des réveils nocturnes et une difficulté accrue à s’endormir. Elles sont liées aux poussées cognitives ou physiques et sont généralement passagères.
Différences entre troubles temporaires et troubles persistants
Il est essentiel pour les parents d’apprendre à différencier une phase transitoire d’un problème persistant. Une régression dure typiquement quelques semaines et s’accompagne d’autres signes comme un besoin accru d’attention ou une irritabilité diurne. En revanche, si un bébé continue d’avoir des difficultés après trois mois malgré une routine stable, il pourrait s’agir d’un trouble du cycle veille-sommeil nécessitant une évaluation approfondie.
Résumé clé : Les troubles du sommeil entre 6 et 12 mois sont souvent liés aux grandes étapes du développement. Ils sont généralement temporaires mais doivent être surveillés pour détecter tout problème chronique.

Les causes principales des troubles du sommeil chez les bébés
Les nuits hachées et les réveils fréquents des bébés entre 6 et 12 mois peuvent sembler déroutants, mais ils sont souvent le reflet d'étapes naturelles de leur développement. Voici un décryptage des causes principales pour mieux comprendre ces perturbations nocturnes.
L’angoisse de séparation : une étape normale mais perturbante
L’angoisse de séparation fait son apparition autour de 8 mois. À cet âge, le bébé commence à comprendre que ses parents existent même lorsqu’ils ne sont pas dans son champ de vision, ce qui peut engendrer des pleurs dès qu’il se sent éloigné d’eux. Cette peur est accentuée par un phénomène appelé "la permanence de l’objet" : l’enfant réalise que les objets ou personnes continuent d’exister même hors de sa vue.
Exemple concret : Un bébé qui s’endort paisiblement dans vos bras peut se réveiller en panique s’il constate que vous n’êtes plus là à son réveil. Pour apaiser cette angoisse, il est conseillé d’instaurer un rituel rassurant au moment du coucher, comme une berceuse ou un câlin prolongé. Attention toutefois à ne pas multiplier les aller-retour dans la chambre, car cela pourrait renforcer son besoin constant de votre présence.
Les poussées dentaires et autres inconforts physiques
Entre 6 et 12 mois, les poussées dentaires deviennent fréquentes. Elles provoquent douleurs et inflammation des gencives, rendant l’endormissement plus difficile ou provoquant des réveils nocturnes. Les symptômes peuvent inclure une salivation excessive, une irritabilité accrue et une envie constante de mordiller.
Conseil pratique : Utilisez un anneau de dentition réfrigéré ou appliquez un gel dentaire adapté (en consultant votre pédiatre). Si la douleur semble intense, un antalgique léger peut être envisagé ponctuellement sous avis médical.
Les changements dans l’environnement : déménagements, voyages, etc.
Un changement significatif dans l’environnement du bébé peut perturber son sommeil. Déménagements, voyages ou simplement une nouvelle disposition de sa chambre peuvent désorienter l’enfant. Ces changements altèrent ses repères habituels, augmentant ainsi son sentiment d’insécurité.
Astuce parentale : Lors d’un déménagement ou voyage, essayez d’emporter des objets familiers tels qu’une couverture ou un jouet préféré pour recréer une ambiance rassurante. Maintenir autant que possible les routines habituelles (heure du bain, chanson avant le coucher) est également crucial pour limiter le stress.
Résumé clé : Comprendre les causes des troubles du sommeil permet d’adopter des solutions ciblées et efficaces. Chaque bébé étant unique, il est essentiel d’observer ses besoins spécifiques pour mieux répondre à ses attentes.
Pour en savoir plus sur les troubles du sommeil chez les enfants plus âgés et leurs solutions adaptées, consultez notre article Les troubles du sommeil chez l'enfant plus âgé.
Solutions pratiques pour améliorer le sommeil des bébés
Le sommeil d’un bébé entre 6 et 12 mois peut être une véritable énigme pour les parents. Entre les réveils nocturnes, les pleurs imprévus et l’énergie débordante de ces petits êtres, il est essentiel d’adopter des stratégies adaptées. Voici des solutions concrètes pour aider votre bébé à mieux dormir.
Créer une routine de coucher apaisante et cohérente
La constance est la clé. Une routine bien établie aide votre bébé à comprendre que l’heure du coucher approche. Commencez par des activités relaxantes comme un bain tiède, une histoire douce ou une berceuse. Ces gestes répétitifs créent un sentiment de sécurité et préparent progressivement le corps au repos.
Exemple de routine efficace :
1. Bain chaud (15 minutes)
2. Massage doux avec une huile adaptée aux bébés
3. Petite histoire ou chanson apaisante dans une lumière tamisée
4. Câlin et mise au lit avec son doudou ou couverture préférée
Il est également important de respecter des horaires réguliers, même le week-end, pour stabiliser l’horloge interne de votre enfant.
Gérer les réveils nocturnes avec bienveillance
Les réveils nocturnes sont normaux à cet âge, mais il est crucial d’y répondre de manière adaptée. Lorsque votre bébé se réveille la nuit, gardez vos interventions courtes et calmes :
- Parlez-lui doucement sans allumer la lumière principale.
- Évitez de le sortir du lit sauf si c’est absolument nécessaire (couche sale, inconfort physique).
- Si vous allaitez ou donnez un biberon, faites-le dans un environnement sombre et silencieux pour ne pas stimuler davantage son éveil.
Un exemple vécu : Clara, maman d’un petit garçon de 9 mois, raconte qu’elle avait tendance à trop interagir avec son fils lors des réveils nocturnes. En réduisant ses interventions à quelques mots rassurants tout en restant près du lit, elle a observé une nette diminution des pleurs après quelques nuits seulement.
Quand consulter un professionnel du sommeil infantile ?
Si malgré tous vos efforts votre bébé continue d’avoir des difficultés importantes à s’endormir ou à rester endormi (plusieurs semaines consécutives), cela peut indiquer un trouble du sommeil sous-jacent :
- Réveils extrêmement fréquents (plus de 5 fois par nuit)
- Difficulté chronique à s’endormir qui provoque stress et épuisement chez les parents
- Troubles respiratoires apparents pendant le sommeil (ronflements bruyants, pauses respiratoires)
Dans ces cas-là, n’hésitez pas à consulter un pédiatre ou un spécialiste en sommeil infantile pour obtenir une évaluation approfondie et des recommandations personnalisées.
Résumé clé : Une routine cohérente, des réponses bienveillantes aux réveils nocturnes et une vigilance accrue pour détecter les signes de troubles persistants sont essentiels pour améliorer le sommeil de votre bébé.
Les mythes et réalités sur le sommeil des bébés
Le sommeil des bébés est un sujet entouré de nombreuses idées reçues, certaines bien intentionnées mais souvent incorrectes. Décryptons quelques-uns des mythes les plus répandus.
Faut-il laisser pleurer son bébé pour qu’il apprenne à dormir seul ?
Ce mythe repose sur l’idée que laisser pleurer un bébé lui enseigne l’autonomie. Pourtant, les études ont montré que laisser un bébé pleurer sans intervention peut augmenter les niveaux de cortisol, une hormone du stress. Bien que certains bébés finissent par s’endormir d’épuisement, cela peut nuire à leur sentiment de sécurité à long terme.
Une alternative constructive ? Répondez aux pleurs de votre enfant avec calme et constance. Cela ne signifie pas de courir dès qu’il émet un son, mais d’évaluer ses besoins : a-t-il faim ? Est-il inconfortable ? Répondre à ces signaux renforce la relation parent-enfant et favorise un sommeil serein.
Le co-dodo aide-t-il ou perturbe-t-il le sommeil ?
Le co-dodo est souvent perçu comme une solution miracle ou, au contraire, comme une habitude néfaste. La vérité se situe entre les deux ! Le co-dodo peut offrir un sentiment de sécurité accru pour certains bébés et faciliter l’allaitement nocturne. Toutefois, il peut aussi entraîner des réveils plus fréquents si les parents bougent beaucoup ou si l’espace est limité.
Si vous choisissez le co-dodo, assurez-vous de suivre les recommandations de sécurité : utilisez une surface ferme et évitez couvertures épaisses ou oreillers. Pour ceux qui préfèrent éviter cette pratique, placer le berceau dans la même pièce permet d’obtenir des bénéfices similaires sans partager le lit.
Les bébés ont-ils vraiment besoin de dormir toute la nuit ?
Un autre mythe courant est que tous les bébés devraient dormir « d’une traite » dès 6 mois. En réalité, les cycles de sommeil des nourrissons sont courts (45-50 minutes) comparés à ceux des adultes (90 minutes). Il est donc normal qu’ils se réveillent brièvement plusieurs fois par nuit.
Plutôt que d’espérer un sommeil ininterrompu, concentrez-vous sur la capacité de votre bébé à se rendormir seul après un micro-réveil. Instaurer une routine apaisante avant le coucher et maintenir un environnement propice au sommeil (chambre sombre, température adaptée) aide grandement dans ce processus.
Résumé clé : Démystifier ces croyances permet aux parents d’adopter des pratiques plus adaptées aux besoins réels de leur enfant tout en réduisant leur propre stress.
Retrouver des nuits apaisées pour toute la famille
Le sommeil de votre bébé est un voyage, parfois semé d'embûches, mais toujours enrichissant. Comme nous l'avons vu, les troubles du sommeil entre 6 et 12 mois sont souvent liés à des étapes naturelles de développement ou à des facteurs comme l'angoisse de séparation, les poussées dentaires ou des changements environnementaux. La clé réside dans une approche patiente et cohérente : établir une routine rassurante, répondre aux besoins nocturnes avec calme et observer les signaux spécifiques de votre enfant.
N'oubliez pas que chaque bébé est unique ! Si les solutions proposées semblent insuffisantes ou si les troubles du sommeil persistent, n'hésitez pas à consulter un professionnel. Vous méritez tous deux des nuits sereines pour profiter pleinement de vos journées ensemble. Un parent reposé est le meilleur allié du sommeil de son enfant !